« Grâce au football, j’ai déjà fait le tour du monde ». A 43 ans, Sylvain Quirot tient un discours aux accents de routard. Ce commercial, originaire de la Lorraine, s’est envolé dimanche pour le Brésil vivre sa cinquième Coupe du monde (après le Mexique en 1986, les Etats-Unis en 1994, l’Allemagne en 2006 et l’Afrique du Sud en 2010). Accompagné d’une dizaine de membres du Supporters club de France (SCF), dont il est le président, son séjour est prévu pour durer jusqu’à la fin des huitièmes de finale (28 juin-1er juillet). Au programme, tourisme et football. Un voyage préparé depuis huit mois, pour lequel Sylvain reconnaît avoir « fai[t] des économies, avec des postes sur lesquels [il s’est] un peu serré ». En décembre, en marge de son travail, il a même enfilé… les habits de Père Noël « pour payer une partie de [ses] extras ».
C’est avec un budget de 3 000 euros qu’il est arrivé en terre carioca. En habitué des grandes compétitions, Sylvain savait qu’il fallait s’y prendre à l’avance : il n’a même pas attendu le tirage au sort des groupes pour acheter ses billets d’avion Paris-Rio. Une fois sur place, tout est rodé. « Il faut savoir comment ça fonctionne pour ne pas dépenser beaucoup d’argent, explique-t-il. Il n’y a pas forcément besoin d’aller dans des auberges ou louer des appartements ».
Pour l’hébergement, c’est dans des hôtels repérés sur des comparateurs en ligne pour « environ 50 euros la nuit » que la troupe va séjourner. « Certains, qui avaient voulu aller voir la coupe des confédérations l’an dernier –déjà au Brésil, ndlr– avaient fait des repérages », confie Sylvain. Qui prendra ses quartiers à Rio, « quatre jours, car c’est aussi cher que Paris », puis à Porto-Alegre, à Salvador de Bahia pour retourner ensuite à Rio. Tout cela en avion. « On a environ 3 000 kilomètres de vol intérieur. En sachant qu’il y a 42 000 morts par an sur les routes au Brésil, on les évite* », justifie le président du SCF.
Dépendant du parcours des Bleus
Une machine sans accroc. Sylvain, qui « ne gagne pas des mille et des cent », tient-il à préciser, a même investi « 70 euros de vaccins pour l’hépatite A et la fièvre jaune » et « 20 euros de répulsifs pour moustiques ». Le supporter qu’il est a l’habitude d’anticiper. Le séjour en Afrique du Sud en 2010, et sa route vers un « nouveau rêve bleu » (le slogan sur le fameux bus) qui s’est arrêtée bien plus tôt que prévu, lui ont servi de leçon. « Certains ont dû rajouter 800 euros pour rentrer plus tôt, moi 250 », se souvient-il. Reste une donnée de taille : les performances des Tricolores. Sylvain a acheté auprès de la Fédération française de football une place pour chacun de leurs matchs de poule (Honduras, Suisse et Équateur). Il en a également pris une pour le huitième de finale entre le deuxième du groupe de la France et le premier du groupe F**. Un pari risqué sur le classement de la poule.
Si la France arrive en finale (il a acheté une place à 350 euros), il compte « près de 2 000 euros en plus » à rajouter, entre vols et hôtels. Sans trop d’inquiétude sur le plan financier -la rallonge est prévue- ni sur le plan logistique. « En 2010, à Port-Elizabeth, on a trouvé un hôtel sur la route, à 30 euros par personne ».
Au total, 54 membres du Supporters club de France sont au Brésil pour cette 20e coupe du monde. Qui sera, a priori, la dernière de Sylvain : il refuse de « donner de l’argent » aux prochaines organisations au Qatar et en Russie. Mais chaque chose en son temps. Le Brésil d’abord. « Il y a des atouts dans cette équipe, de la jeunesse et une bonne mentalité, j’y crois », s’enthousiasme-t-il. Messieurs, à vous de jouer.
Benjamin Hay
*Selon les chiffres de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le Brésil est le cinquième pays dont les routes sont les plus meurtrières dans le monde (environ 40 000 tués par an).
** Argentine, Bosnie-Herzégovine, Iran et Nigeria
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